Nous quittons le parc pour Charlottesville, située à moins de 40km.
Charlottesville est une ville indépendante de l'État de Virginie aux États-Unis, située dans le comté d'Albemarle, dont elle est le siège. Selon le recensement de 2010, elle compte 43 475 habitants. Elle est le siège de la prestigieuse Université de Virginie. Thomas Jefferson y vécut jusqu'à sa mort dans sa demeure dénommée Monticello.
Petite ville très agréable et très appréciée pour sa qualité de vie et pour ses charmantes rues piétonnes en centre-ville, Charlottesville se situe à 110km à l'ouest de Richmond, à proximité des Appalaches et du Parc National de Shenandoah.
Charlottesville se situe au centre du Commonwealth de Virginie, sur les rives de la Rivanna, un affluent de la James River. Elle fut fondée en 1762, le long d'une route de commerce appelée "Three Notched Road" (aujourd'hui l'U.S. Route 250) menant de Richmond à la Grande Vallée Appalachienne. Son nom est un hommage à Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, épouse du roi George III du Royaume-Uni.
Durant la guerre d'indépendance américaine, l'armée de la Convention (britanniques) y fut basée de 1779 à 1781. Le 4 juin 1781, Jack Jouett, héros de la Révolution américaine, prévint les représentants de la Virginie, réunis à Monticello, de l'arrivée imminente de Banastre Tarleton, leur permettant ainsi d'y échapper de peu.
Contrairement à la plupart des communes de Virginie, Charlottesville fut épargnée par la Guerre de Sécession. La seule bataille à s'y dérouler fut l'escarmouche de Rio Hill, durant laquelle George Armstrong Custer fut repoussé par la milice locale confédérée. La ville fit plus tard sa reddition pour éviter d'être brulée.
La première église noire de Charlottesville fut fondée en 1864. Auparavant, il était interdit aux Noirs d'avoir leurs propres lieux de culte, même s'ils pouvaient fréquenter les églises blanches.
Charlottesville abrite les bureaux du National Radio Astronomy Observatory, l'observatoire McCormick ainsi que le CFA Institute.
Le "National Ground Intelligence Center" (NGIC), un centre de renseignements scientifiques et techniques sur les forces au sol étrangères, est au nord de la ville.
Une étape importante lors d'une découverte de la Virginie : Monticello, la maison à laquelle Thomas Jefferson, troisième président des Etats-Unis, consacra ses talents d'architecte. Une belle demeure, inscrite par l'UNESCO au Patrimoine Mondial de l'Humanité.
Un saut dans le temps, un cours magistral d'architecture, et une découverte intimiste de cet homme aux multiples talents, qui plaça "la vie, la liberté et la poursuite du bonheur" en tête des droits humains fondamentaux. Une visite à ne pas manquer, à Charlottesville, au cœur des vertes collines de Virginie, celle de la demeure d'un des "Pères fondateurs" de l'Amérique : Thomas Jefferson.
Troisième président des Etats-Unis (de 1801 à 1809), successeur à ce titre de Georges Washington et de John Adams, homme d'Etat aux idées inspirées des Lumières, Thomas Jefferson naquit en Virginie en 1743. Epris de sciences, de culture et de politique, il fut architecte, inventeur, philosophe, écrivain, en plus d'exercer, au cours de deux mandats successifs, les plus hautes fonctions politiques à la tête du pays.
Sa maison, la maison de ses rêves, il la construisit après l'incendie du manoir familial, quarante années durant, entre 1769 et 1809, ajoutant progressivement, améliorant, en fonction de son temps et de ses disponibilités financières.
Monticello, en termes de surface et de luxe, est très loin des palaces d'aujourd'hui. La belle maison de style néo-classique reste d'une taille raisonnable, bien loin des châteaux de milliardaires qui apparurent tant sur la côte Est qu'en Californie au cours du 19e siècle.
Thomas Jefferson y vécut toute sa vie, exception faite de la période qu'il passa à la Maison Blanche. Entourée de ses terres et des plantations familiales, Monticello était une demeure rurale. Celle d'un "gentleman farmer" .
Philosophe, inspiré des Lumières, humaniste, Jefferson n'en eut pas moins des esclaves pour travailler dans sa propriété, comme en avaient eu ses parents, ses grands-parents et plusieurs générations avant eux. Jefferson se pencha pourtant sur la question et, en 1800, rédigea un projet pour l'abolition de l'esclavage. L'idée resta sans écho auprès de ses contemporains : il faudra attendre encore un peu plus d'un demi-siècle pour qu'elle s'impose au regard de la constitution.
A Monticello, Jefferson vit avec son épouse Martha, dont il aura six enfants. Seulement deux arriveront à l'âge adulte. Martha mourut en 1782 en donnant naissance à son sixième enfant. Veuf inconsolable, n'envisageant même pas de se remarier, Jefferson aura ensuite neuf autres enfants avec une des esclaves de Monticello.
Et lorsqu'il sera président, c'est sa fille Martha qui sera appelée à gérer la Maison Blanche, occupant ainsi le rôle de "première dame".
Une construction harmonieuse et raffinée, de dimensions modestes, longuement et progressivement murie, conforme à l'esprit du Jefferson philosophe, inspirée tant de l'architecture romaine classique que de celle de la Renaissance et d'Andrea Palladio.
La maison telle qu'on la visite aujourd'hui a bien entendu évolué au fil des années, des décennies et des presque deux siècles écoulés depuis la mort de Jefferson. Souvent rénovée, parfois négligée, durant les périodes de guerre ou de crise économique, elle reste cependant la seule maison aux Etats-Unis inscrite (depuis 1987) à la liste UNESCO du Patrimoine Mondial de l'Humanité.
Après la mort de Jefferson, ses deux enfants survivants, Martha et son frère Thomas, furent contraints de vendre Monticello, bien au-dessous de sa valeur, pour éponger les dettes de leur père. La propriété passa ainsi entre les mains d'un pharmacien qui échoua dans son projet d'y élever des vers à soie, ne la garda que deux ans et la revendit à un officier de marine admirateur des idées de Jefferson, qui lui même la céda à ses descendants. Ce n'est qu'en 1923 que ses héritiers la vendirent à la "Fondation Thomas Jefferson" qui en est désormais propriétaire.
On y découvre avec émerveillement l'organisation des pièces, certaines octogonales, leur répartition, le mobilier (que l'on estime d'origine à 60 %) et les innovations domestiques et idées originales pour l'époque mises en place par un Jefferson l'inventeur, à l'esprit toujours en ébullition.
Il lui fallut 40 ans pour faire naître la maison de ses rêves, achevée en 1809. Il déclara : « Je ne suis heureux nulle part ailleurs ni dans aucune société, et tous mes souhaits prennent fin là où, je l’espère, mes jours prendront fin : à Monticello ». Aujourd’hui, c’est la seule demeure du pays inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Cet édifice de style néoclassique romain était l’élément central d’une plantation de 2000 ha où travaillaient 150 esclaves. Un passé compliqué pour un homme qui affirma dans la déclaration d’indépendance que « tous les hommes sont créés égaux » alors qu’il était esclavagiste et qu’il est probable qu’il ait eu des enfants avec l’une de ses esclaves, Sally Hemings.
Au sommet de sa colline, la villa s'intègre à un ensemble rural largement arboré : chênes séculaires, érables, tilleuls, tulipiers, magnolias, un caféier du Kentucky et un peu plus loin une allée de saules pleureurs. Et de part et d'autre de la maison, de longues terrasses de bois, au plancher rouge, sur lesquelles sont posées des plantes exotiques en pots.
En contrebas, un vaste jardin potager, sur un espace tout en en longueur dominant la plaine. Jefferson, jardinier et scientifique, y cultiva et étudia plus de 250 variétés de plantes, appartenant à 70 espèces différentes, dont certaines méconnues aujourd'hui. Au plaisir de la botanique s'ajoutait ainsi la satisfaction de nourrir sa famille et ses invités avec des produits frais cultivés "à la maison".
Un jardinier à plein temps, assisté de stagiaires pendant les périodes de vacances, continue aujourd'hui à entretenir le jardin de Thomas Jefferson. Les légumes produits sont dégustés lors de certains événement organisés à Monticello, ou offerts aux employés de la propriété.
Mais n'oublions pas les fruits, dont Jefferson étudia quelque 150 variétés. Le verger se trouve au sud de la propriété, juste au-dessous du jardin potager. On y dénombrait quatre-cents arbres fruitiers, deux petites vignes, ainsi qu'un secteur consacré aux baies : groseilles de divers types, framboises, myrtilles ou mûres...
Quant au jardin de fleurs, et de plantes aromatiques, il ne survécut pas à la disparition du maître de maison. On sait que plus d'une centaine d'espèces y étaient cultivées et étudiées, et que Thomas Jefferson recevait chaque année un colis provenant du Jardin des Plantes à Paris, contenant non moins de sept cents variétés de graines.
Ce n'est qu'à partir de 1939 que ce jardin de fleurs fut reconstitué par un groupe de passionnés, à partir des plans dessinés par Jefferson lui même, retrouvés dans les archives de la maison.
Nous assistons Didier et moi à une visite guidée en anglais très intéressante sur l'esclavage dans le domaine de Thomas Jefferson.
Jefferson mourra à Monticello, âgé de 83 ans, le 4 juillet 1826. Etonnants concours de circonstances : sa disparition survient 50 ans jour pour jour après la signature de la Déclaration d'Indépendance (4 juillet 1776), dont il fut un des principaux auteurs; et le même jour, s'éteint aussi un autre signataire majeur de cet acte fondateur des Etats-Unis, son ami et prédécesseur à la Maison Blanche, John Adams.
Jefferson est enterré au cimetière de Monticello, à quelques centaines de mètres en contrebas de la maison. Sur le monument funéraire, l'épitaphe écrite par Jefferson lui-même, mentionne la Déclaration d'Indépendance mais ne fait aucune référence à son rôle de président des Etats-Unis.
Après cette visite instructive, nous reprenons la route pour Richmond.
Richmond, capitale de la Virginie, est située à 160 km au sud de Washington, dans la partie centrale de l’Etat, entre littoral et contreforts montagneux.Sur un site autrefois occupé par les Indiens Powhatan les premiers colons, négociants en fourrures et en tabac, arrivèrent dès 1607.
Richmond est ainsi l‘une des villes les plus anciennes des Etats-Unis. Capitale d’Etat depuis 1782, elle fut aussi capitale des Etats confédérés durant la Guerre de Sécession.
Richmond fut la capitale du Commonwealth de Virginie à partir de 1780, et c’est bien la seule chose qui n’ait pas changé. En effet, la ville est en proie à une redéfinition constante de sa culture : ville du sud chaleureuse et accueillante, elle fait partie aussi de l’environnement international du corridor nord-est. Mieux vaut peut-être abandonner cette dichotomie et voir en Richmond la ville la plus nordique du Nouveau-Sud, à la fois traditionnelle et internationale (avec un haut niveau d’études), mais aussi marquée par des inégalités et des tensions sociales.
C’est une jolie ville, dont les rangées de maisons en briques rouges et en grès semblent moins guindées que celles du nord-est. L’histoire y est omniprésente, parfois controversée : c’est à Richmond que le patriote Patrick Henry prononça sa fameuse phrase « give me Liberty, or give me Death », mais c’est aussi là que les confédérés esclavagistes établirent leur capitale. Aujourd’hui, étudiants et jeunes professionnels apportent un peu de fraîcheur à la « River City ».
En grande partie détruite vers la fin du conflit fratricide, la ville a tout de même conservé quelques trésors architecturaux comme le capitole d’Etat, construit sur des plans de Thomas Jefferson, dans un style palladien et inspiré de la Maison Carrée de Nîmes. Plusieurs fois rénové, doté au début du 20e siècle d’une aile droite et d’une aile gauche, il reste malgré tout un bâtiment historique, fidèle aux plans de Jefferson.